FLASH GORDON,

 "En français dans le texte"

Les traits d'Alex Raymond





La magnificience du trait d'Alex Raymond


Seules les éditions Serg, et dans une moindre mesure : Slatkine et Futuropolis rendent
 vraiment justice au trait magnifique d'Alex Raymond avec leurs publications sous format à l'italienne, en noir et blanc, respectant le rapport de taille des originaux.

Ci-dessous, quelques exemples parmi d'autres d' images fortes, et quelques textes vantant le dessin d'Alex Raymond.
(Tout © : Raymond/King Feature Syndicate/Futuropolis)


fusée
lianes
rrrrrrrrrrrrrrrrrrr

    A  gauche :

 La fusée, élément moteur des pérégrinations     de Flash Gordon et des ses amis, Dale et le professeur Zarkov.
Une scène clé de transition lorsque nos héros     quittent le monde aquatique. 
(1936)    



    A droite :

Les dangers de la jungle.
Et l'amour de Dale pour Flash... (1937)











squirons

Une superbe scène de combat dans les arbres contre... des écureuils agressifs.
Ou comment rendre tragique un rebondissement à tendance plutôt comique.



versl'execution
Une autre scène de transition forte : le cortège amenant Flash vers son exécution.
...Tout un symbole et un suspense qui a du tenir en haleine des milliers de jeunes lecteurs. (1937)





Beauté

Ce qui vient à l'esprit lorsqu'on lit (et admire) les bandes de Flash Gordon de ces années là éditées par Serg, c'est le mot "magnifique".

Les vignettes sont d'une telle beauté et de taille suffisamment grande pour détailler le dessin d'Alex Raymond, que l'on s'y attarde, et on y revient souvent, avec à chaque fois la même émotion.

Réalisme

L'autre pensée est aussi celle qui nous fait dire que, non, on n'a rarement vu dessin réaliste aussi précis et voluptueux depuis dans la bande dessinée moderne. Dire que ces épisodes datent de 1938-40 ne fait que conforter le statut de "classique" qui est attribué à ce récit.
De nombreux auteurs ont bien écrit l'évolution du trait du dessinateur depuis les années 1934, tel  Pierre Couperie  dans "Le style d'Alex Raymond 1934-1944", (l'Age d'or) (1), ou  les auteurs de sa fiche bio dans "L'encyclopédie des bandes dessinées' (Albin Michel, 1986) (2), même si un bémol est mis ici.

Fria prise au piègeDale et Bruka


    A gauche : la beauté (l'érotisme ?) de Fria
    (© Raymond/KFS/Serg, 04/1939;
    épisode : "Le combat près du pont)
 






                                                                                                                     
    A droite : l'érotisme selon Raymond :
    Dale et Bruka
  
    (© Raymond/KFS/Serg,  06/1939;  épisode : "Un appel au secours")


Second degré ?

Les textes aussi, pourtant non utilisés sous forme de bulles (en fait de simples traits relient les dialogues aux personnages) sont trés bien écrits et surprennent par leur justesse de ton. Mis à part peut-être les pleurs et jérémiades d'amour de Dale pour Flash, un peu nombreux et récurrents, et dont on arrive plus à se moquer d'ailleurs qu'à être véritablement agacés.
En effet, souvent ces dialogues ou voix off sont associés à des dessins de femmes accoutrés étrangement en rapport aux endroits et situations (mini jupe ou nuisette) , leur conférant un ressort humorisque involontaire (?) et décalé.

Erotisme

Cependant, au fur et à mesure des épisodes, Dale, tout comme l'ensemble des femmes qui croisent notre héros acquiert un érotisme latent et un pouvoir  de séduction non négligeable. Raymond semble d'ailleurs se complaire à parsemer ses épisodes de ces cases souvent (très) évocatrices.

servante attachée et flash rampant dans le noir
Une scène dramatique, mais... toriiiide ! (SM ?)  (16/06/1940 "Le piège est vide". © Raymond/KFS/Serg)
Notons le look "mécanicien" très particulier de Flash que l'on retrouvera entre autre dans Vortex quelques dizaines d'années plus tard, chez Stan & Vince, par exemple.


Comme au cinéma

Ensuite, le nombre de scènes qui amènent en mémoire des épisodes cinématographiques utilisés ces vingt dernières années nous rappellent combien Alex Raymond avait su créer une histoire plein de rebondissements et d'inventions.

L'épisode de l'acierie, par exemple, (1940) avec cette machine essayant de faire chuter les deux protagonistes dans le metal en fusion est à ce sujet remarquable par le mimétisme qu'il appelle du film de james Cameron : Terminator.

Flash tombant dans le chaudronDale face à la grue

    A gauche : Une superbe case dramatique.
    (1940 © Alex Raymond/KFS/Serg,
    in l'épisode  : "Le jeu du destin")   
 


            

           







    A droite : Une autre case superbe et assez inhabituelle,
     avec sa trame hachurée façon gravure. 
     (épisode  "Les dépanneurs de Ming", © 1940 Raymond/KFS/Serg)



Certains se sont déjà amusés à  trouver des références plus anciennes, (cf l'article de Pierre Couperie dans l'article "Le mythe, l'épopée"(cf l'Age d'or), mais on pourrait continuer longtemps et indéfiniment,  vu le nombre de cinéastes qui ont du s'inspirer logiquement de ces histoires, volontairement ou involontairement depuis l'époque avant guerre.


Bref, des cases et des planches de toute beauté qui mériteraient  qu'un éditeur de renom, connaissant l'importance d'un travail éditorial de qualité (3) propose à nouveau une belle réédition de ce pur chef-d'oeuvre.



l'attaque du Lupi
La superbe séquence de la première attaque du "Lupi", sorte de pieuvre géante électrique.
(© Raymond/KFS/Serg, 17/09/1939)





1941 -1942 : retour sur terre puis direction Tropica

Le début de la fin...


Flash dans jungle

Une belle case du 21 Juin 1942 néanmoins très inspirée des grands oiseaux du monde de glace ("Déjà vu ?") (© Raymond/KFS/Soleil)


De Juillet 1941 à Juillet 1943, Alex Raymond, après les avoir ramené sur Terre réexpédie ses personnages sur la planète Mongo.
Là ils atterrissent sur Tropica, un contient inexploré par eux.
Après quelques déboires avec Brazor, cousin et ministre de Desira, reine du royaume, ils s'enfuient, sont aspirés par un tourbillon qui les amènent tous dans une univers sous-terrain à la gravité inversée (très bon passage fantastique), avant d'échouer  dans le désert de feu, aux mille volcans.
... Pierre Couperie dans son analyse des épisodes (voir page "Albums") exprime très clairement la baisse de qualité du scénario de ces épisodes, qui selon lui est dûe en grande partie à l'absence du personnage de Ming.

DesiraBrazor








En dehors de cette critique qui s'avère assez justifiée, on remarquera quelques "nouveautés" sur l'année 1943 qui tendent à annoncer le tâtonnement de l'auteur, voir l'épuisement  de l'inspiration sur la série.




A gauche : Une autre belle case de la même planche ayant servit à la couvertre du tome 6 de chez Soleil.
A droite : le cruel Brazor




Sur la planche du 02 Mai 1943 apparaît pour la première fois un bandeau titre qui n'existait pas jusqu' alors. On s'apperçoit que celui-ci n'ajoute rien, et enlève même à l'esthétique des planches.

Bandeau titre Flash

Le 23 Mai 43, c'est une autre révolution : des bulles apparaissent. Si ce n'est pas la première fois qu'une bulle est utilisée dans la série, cela a été jusqu'alors exceptionnel, et les dialogues étaient plutôt insérés dans le texte off.
Cette nouveauté semble être dorénavant admise, et on éprouve un certain malaise en tant que lecteur fae à ce changement de rythme de lecture.
Une "modernisation" qui annonce d'autres changements, comme la reprise sournoise du dessin par Austin Briggs, qui effectue apparemment déjà quelques encrages en 1943.

Premières bulles flash

En terme d'intrigue, on tourne en rond... le déjà-vu menace... c'est le début de la fin pour la période Raymond.


Ci dessous : la case du 09 Mai 1943 ayant servi à la couverture du tome 4 des éditions Serg.

Chevaux desert

Toutes images couleur © Raymond/KFS/Soleil



Notes et références


(1) (© Pierre Couperie/Serg)
 Le style d'Alex Raymond

(2) (...)"Alex Raymond est l'un des plus grands créateurs de BD. Son style est d'abord celui d'un illustrateur (contrairement à Cannif plus "cinématographique"). Raymond, d'ailleurs, donna de nombreuses illustrations à Blue book,  Look, Collier's, Esquire, Cosmopolitan, fit des affiches et illustra un livre : "Scuttle watch". Son style évolua, d'abord en touches légères, en créations d'atmosphères avec des paysages suggérés plus que montrés. A la fin des années 30, les lignes sont plus nettes, les traits solides, le dessin est trop parfait pour ne pas tomber parfois dans un certain académisme. Le mouvement se concerntre dans les vignettes, s'appuyant sur une narration familière de l'ellipse, d'où des planches belles, mais un peu froides. "Jungle Jim" dépasse parfois en beauté graphique "Flash Gordon", il suffit pour cela d'un palmier qui se découpe dans le lointain et un univers est créé" (...)


(3) C'est  la maquette américaine d'Art Spiegelman qui avait été retenue pour l'édition française chez Serg en 1968 !


Ci dessous, l'article de Thierry Smolderen qui explique la particularité d'un trait comme celui d'Alex Raymond, et la fascination qu'il peut exercer.
Cet article est plutôt consacré à Rip Kirby, un autre héros d'Alex Raymond, mais le dessinateur est le même.


(© T. Smolderen et Cahiers de la BD n°79, 1986).


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*A lire aussi avec délectation
(en anglais)  :
la biographie illustrée d'un autre trés grand dessinateur classique américain :

Hal Foster, sur Bud Plant illustrated books


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